Le 3 mai 1945 à 14 h 30, quatre jours après le suicide d’Hitler, le Cap Arcona, le liner de luxe allemand d’avant-guerre, le Thielbek (un cargo de 2 815 tonnes) l’Athen et le Deutschland IV (liner de 21 046 tonnes), ancrés dans la baie de Lübeck furent bombardés et coulés par des chasseurs-bombardiers de la RAF. Environ 7 000 à 8 000 déportés périrent noyés, les survivants nagèrent dans la mer Baltique glaciale puis furent mitraillés par les SS sur la plage.
À bord des deux premiers bateaux, plus de 7 500 déportés des camps de concentration de Neuengamme près de Hambourg et de Stutthof près de Danzig, dont une moitié étaient des prisonniers de guerre russes et polonais et d’autres français (résistants, réfractaires au STO, anciens STO, etc.), allemands (droit commun), danois, etc., ont été rapidement évacués de ces camps en face de l’avancée rapide des troupes britanniques. Arrivant dans le port de Lübeck, ils furent forcés de monter à bord de l’Athen pour être transférés dans le Cap Arcona dont le capitaine, Heinrich Bertram, refusa de les prendre à bord en protestant que son bateau ne pouvait en contenir que 700. Menacé de mise aux arrêts et d’exécution sommaire, il obéit et laissa 7 000 déportés être entassés par quelque 600 SS dans les cales profondes de son navire.
Ces bateaux devaient être sortis en pleine mer puis torpillés par des sous-marins allemands, noyant tous ceux qui étaient à bord selon l’ordre d’Himmler indiquant à tous les commandants de camps de concentration qu’aucun déporté ne devait tomber vivant entre les mains de l'ennemi.
Quand l'Athen eut fini son travail de transbordement, un groupe de déportés fut retransféré du Cap Arcona à l’Athen. Le capitaine de ce dernier accostait alors son navire contre le quai de Neustadt et déployait un drapeau blanc, ce qui sauva 1 998 personnes. À une courte distance de là, le liner Deutschland IV était ancré et était en train d’être converti en navire-hôpital. Après l’attaque, le Deutschland IV, s’embrasa rapidement, la quille à l’air et coula quatre heures plus tard. Heureusement, il n’y avait aucun déporté à bord et l’équipage avait déserté le navire après la première attaque. Le Cap Arcona, avec 4 650 déportés piégés en dessous dans les cales profondes suffoquèrent dans la fumée et les flammes, le navire s’inclina sur un côté, fut en partie submergé et s’embrasa. Quelques-uns des déportés réussirent à s’en extraire et à se cramponner à la coque du navire, d’autres sautèrent dans la mer Baltique glaciale. On a compté 316 rescapés. Le Thielbek se transforma en épave où l’incendie couvait et coula quarante-cinq minutes plus tard. Du Thielbek, sur 2 800 déportés seulement 50 furent sauvés. L’Athen ayant hissé le drapeau blanc, les 1 998 passagers furent épargnés.
Beaucoup de survivants, essayant de nager jusqu’à la plage, furent abattus dans l’eau par les pilotes de la RAF volant en rase-mottes et tournant autour des bateaux. D'autres sont tués par les unités de la SS, des Jeunesses hitlériennes, de l'infanterie de marine stationnées sur la plage.